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Le cercle du nouveau livre
1. |
Jean-Pierre
CHABROL. La gueuse. Le cercle du nouveau livre, Paris : 1966. Un
volume à couverture cartonnée rigide, toile fauve, fers or, 14 x 20 cm, 502
pages, exemplaire n° 408 F. Prix:
6 €. [N21C6] Bon état.
Noël Tarrigues n'a pas dix-neuf ans, mais dans la mine de La Vernasse on
n'en connaît pas de plus dur à la tâche, ni à la douleur. Bien sûr, il
aime Emmeline, « la petite bohémienne », qui le lui rend bien, mais son
cœur appartient en vérité aux gueules noires, à ses camarades entassés à
La Vernasse dans un bas-quartier qui porte un nom formidable « les
Cannibales ». Son livre de chevet est le Germinal de Zola, sou dieu l'Enjolras
de Victor Hugo, et sa grande angoisse en ces années de crise son
adhésion au Parti communiste. Mourrail, le maître-mineur, est prisonnier
de son destin : un mariage à ses yeux féerique avec une demoiselle noble
l'a privé à jamais de toute autre ambition. Il est et demeurera le
serviteur de la compagnie d'exploitation, pour le meilleur et pour le
pire. Ces hommes et ces femmes vont et viennent entre leur doux village
de Clerguemort et le trou d'enfer vers lequel affluent des Polonais, des
Italiens, des Espagnols, des Arméniens, des Tchèques. C'est dans cette
mine que nous voyons bouillonner l'histoire en gestation dont La Gueuse
est la chronique grandiose. C'est de là que partent des fils qui nous
relient à Hambourg où s'implante la terreur hitlérienne, à Paris secoué
par l'insurrection du 6 février, à Belleville, à Alès-la-Rouge. Des
silhouettes connues apparaissent : Léo Lagrange, Malraux, Chamson,
Guéhenno, ou, de l'autre côté de la barricade, le préfet de police
Chiappe. Tout cela n'est pas la politique, mais l'histoire vécue, une
histoire que domine la figure de la Gueuse, la République dépoitraillée,
comme l'a vue Delacroix, nourrice et mégère à la fois. Les enfants de
Cler-guemort jouent et rêvent dans ce climat qui fera d'eux des hommes
d'une espèce dangereuse. |
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2. |
Jean-Jacques GAUTIER. Un homme fait. Le cercle du nouveau
livre, Paris : 1965. Volume N° 682. Un volume relié, à couverture toilée
rigide de couleur verveine, 256 pages, 14 x 19 cm. Prix:
6 €. [N21CG37] Bon état.
Dans le cadre de cette vie provinciale dont il excelle à
mettre en scène les drames cachés, Jean-Jacques Gautier nous présente
ici un homme à la fois banal et énigmatique : Léonard Bréviaire. Un
original, un égoïste, un prétentieux, disent les gens ! Peut-être, mais
la dynastie Bréviaire possède une importante affaire de pêcheries dans
un port de l'Atlantique. Léonard est séparé de sa femme. On ne lui
connaît qu'une liaison un peu étrange. Pourquoi cette vie sans éclat,
sans joie ni ambition ? C'est là ce qu'on appelle " un homme fait ".
Mais où, quand, comment, par qui, de quoi et pourquoi ? À l'instant où
le lecteur commence à se poser ces questions auxquelles en principe le
roman devrait répondre, l'auteur paraît renoncer à l'écrire. Il
interrompt sa narration pour nous dire la vérité, toute la vérité, rien
que la vérité sur son héros. Car Léonard Bréviaire existe. Jean-Jacques
Gautier nous conte les circonstances de leur rencontre dans une ville
d'eaux. Il explique ce qui l'a attiré et intrigué dans ce curiste pas
comme les autres. Et le récit, cessant d'être un roman, devient une
simple relation. Nous apprenons ainsi, par fragments, ce qu'a été
l'existence de cet homme qui ne se confie pas toujours sincèrement, et
qui tantôt s'accuse, tantôt se cherche des excuses... qu'on ne lui
découvrira pas forcément lorsqu'il le souhaiterait. Oh ! Il y a bien des
explications : un mariage " de conscience ", une jeunesse comprimée, une
vocation contrariée, des rêves étouffés, jusqu'au drame incertain, tout
cela n'éclaire-t-il pas le caractère de Léonard Bréviaire. Sans ce
passé, e-t-il été un autre ? Un personnage de roman se justifie, mais un
vivant... |
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Dernière Mise à jour : le
samedi, 05. juin 2021
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