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Lin YUTANG.
Enfances chinoises. Traduit de l'anglais par
François FOSCA. Éditions Du Milieu du Monde, Genève : 1944. in 12. broché, 403 pages
[L26] Assez bon état.
Prix: 10
€.
Ce livre a le charme des grandes fresques
romanesques, où la toile de fond historique alimente les péripéties de clans
familiaux. Il a aussi l'attrait plus subtil de ces romans qui, à petits
points, savent restituer le dessin sensible d'une époque et nous font
pénétrer dans l'intimité des désirs et des émotions qui sous-tendent les
comportements. Nous sommes en 1900 : chassé par les troubles de la révolte
des Boxers, M. Yao, riche commerçant épris de taoïsme et de libre pensée,
quitte Pékin avec femme, enfants et serviteurs. Au cours du voyage, Moulane,
sa deuxième fille âgée de dix ans, disparaît, enlevée par des voleurs
d'enfants. Ainsi débute l'histoire de la famille Yao, liée à celle de M.
Tseng, un confucianiste à l'ancienne mode. Relations entre générations, de
maîtresses à servantes, amours interdites et mariages de raison, le lecteur
se laisse emporter par la destinée de ces familles à un moment où l'ancienne
Chine bascule vers la modernité. Lin Yutang, qui souhaitait tant faire
connaître la vie et la culture de ses compatriotes aux Occidentaux, choisit
ce moment clé du passage de la tradition aux idées nouvelles ; mais en dépit
des conflits, son roman, centré sur les femmes, respire un optimisme et un
bonheur de vivre qui le rendent très attachant. Enfances chinoises forme la
première partie d'Un moment à Pékin |
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2. |
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Lidia YUknavitch.
Dora la Dingue. Traduit de l'anglais par
Guillaume-Jean Milan .
Collection : Denoël &
d'ailleurs. [P]
Très Bon état (9/10).
Broché: 288 pages Editeur : Denoël :2013. ISBN-10:
2207114562 ISBN-13: 978-2207114568.
"Je ne sais
pas comment, mon père s'est mis dans la tête que j'avais besoin d'un
psy", se demande Ida, adolescente en crise qui décide un soir de se
raser le crâne avant de passer à table, au grand dam de son père, volage
et égoïste, et de sa mère, dépressive et alcoolique, qu'elle surnomme M
et Mme Pharmazombie. Ida, ou plutôt Dora comme l'ont rebaptisée ses
amies, double clin d'oeil à Dora l'Exploratrice et à la Dora de Freud,
jeune patiente hystérique que le célèbre Sigmund a soignée en 1901, se
voit ainsi obligée d'aller consulter un psychanalyste, qu'elle surnomme
ironiquement Sig. Et Sig a du pain sur la planche car Dora souffre de
toux persistante, d'évanouissements intempestifs et d'aphonie
psychosomatique au moindre geste d'affection ou de désir à son égard.
Gênant, surtout lorsque Obsidienne, amie dont Dora est secrètement
amoureuse, tente de l'embrasser. Petite sueur du Tyler Durden de Fight
Club, Dora conçoit l'analyse comme un combat de boxe mental qu'elle doit
absolument remporter, et à chaque uppercut psychanalytique du vieux Sig,
Dora riposte en prenant des poses lascives pour le déstabiliser. On suit
hilare, choqué et fasciné, les aventures de Dora et ses amis
(Obsidienne, mystérieuse Amérindienne ; Marlene, transsexuel rwandais
féru de littérature érotique ; Little Teena, rouquin gay de 141 kilos,
et Ave Maria, blonde maigrichonne s'exprimant uniquement par vocalises)
qui lancent des raids artistiques dans les centres commerciaux ou
prennent en filature Sigle psy en le filmant après avoir émietté 5
viagras dans sa tisane. Roman classique sur l'adolescence ? Bien au
contraire... Dora la Dingue est un concentré de folie, un hymne aux
décalés, aux névrosés du monde entier, dont Dora est l'électrique et
inoubliable porte-parole.
Lidia
Yuknavitch est écrivain et enseigne l'écriture, la littérature, le
cinéma et le féminisme à l'université de l'Oregon.
Revue de
presse Lidia Yuknavitch, qui n'a plus 17 ans depuis quelques
décennies, vit à Portland, Oregon, où elle enseigne la littérature, le
cinéma et le féminisme. Elle abat ici son premier roman : un «mélo ado»
déjanté mais tenu, un conte initiatique punk, féministe, prodingos ;
ultracontemporain dans sa critique du capitalisme voyeur et, dans une
moindre mesure, de la techno-utopie. Avec une postface éclairante par
Chuck Palahniuk (auteur, entre autres, de Fight Club). (Antonin Iommi-Amunategui
- Libération du 10 octobre 2013) |
Prix: 9
€ |
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